La Peur de la Queue

Lorsque l’on questionne les personnes sur les raisons de leur peur des souris ou des rats, contrairement à ce que l’on pourrait croire, plutôt que de se méfier des dents de ces animaux qui peuvent être mordeurs, la réponse la plus courante est « la queue ». On peut donc être amener à penser que, pour ces personnes, la queue d’une souris ou d’un rat devrait être plus dangereuse que leurs dents. Pourquoi ?

Il serait difficile de donner une réponse universelle. L’explication à ce fait relève d’avantage de la psychanalyse que d’une science exact. Cependant, j’avais un très bon professeur de français qui répétait souvent qu’une phobie était une forme de haine, et que la haine était la peur d’une chose que l’on ne comprend pas.

Je n’ai aucun talent pour la synthèse. Mais par mes mots maladroits, j’espère éclairer quelques personnes et les aider à apprivoiser cette peur, car au final, il est évident qu’une souris ou un rat ne sera jamais plus dangereux qu’un autre animal.

La queue d’une souris est une partie importante de leur anatomie. Elle est le prolongement indispensable de leur colonne vertébrale, ce qui leur permet d’avoir un meilleur équilibre. Lorsqu’elles grimpent ou se penchent, les souris peuvent même l’utiliser en tant que cinquième patte en l’enroulant pour un meilleur maintient. C’est souvent ce qui arrive lorsque l’on prend une souris dans nos mains : elle enroule leur queue à notre poignet ou à nos doigts pour s’assurer un meilleur maintient.

Leur aspect rose, long, sans poil et annelé n’est pas sans rappeler le ver de terre. Cet aspect peut faire appel à des pulsions enfouies : les vers qui mangent les cadavres, la mort, l’inconnu. On compare aussi les queues nues à des serpents, des animaux qui, une fois encore, se rapporte à la mort, au diable, à l’inconnu. C’est une vision qui peut paraître bien simple et bancale, mais elle expliquerait pourquoi le fait d’être mordu par l’animal serait moins grave que celui d’être touché par sa queue. Bien souvent, les gens réagissent comme si l’animal et leur queue étaient en fait deux êtres différents. Mais il n’en est rien. La queue bouge uniquement si l’animal en a besoin.

On remarque aussi que cette peur n’est pas présente lorsqu’il s’agit de rongeur dont la queue est poilue ou qu’elle n’est pas aussi mouvante. C’est le cas des écureuils ou des gerbilles. On voit en ces rongeurs de la finesse, de la grâce, de l’agilité, de la beauté. Mais pas le dégoût qu’inspire le rat ou la souris, pourtant très proche morphologiquement parlant.

En d’autres termes, il est difficile de synthétiser avec précision les raisons de la peur des queues de rats ou de souris. Les raisons peuvent être très basiques ou personnelles. Le dégoût de la queue peut être lié à l’image qu’elle renvoie (l’image de la mort, avec la comparaison au ver de terre), ou à l’incompréhension de ses mouvements et de son utilité. Le plus souvent, on a peur uniquement de ce qu’on ne connait pas. Apprendre à connaître les souris peut alors être le meilleur moyen de vaincre cette peur. 

Je remercie tout particulièrement Zhomme pour ses mains, et Kéa qui a été bien gentille de se prêter au jeu.