jeudi 23 septembre 2010

Un Départ En Douceur


Grosse Cheyenne court à présent retrouver sa fille, libérée de ses poids. Elle n'a plus à se battre. Elle n'a plus à combattre la vie pour se montrer forte. Elle en a suffisamment prouvé. Elle est légère et parcours le ciel pour gagner sa place dans les étoiles, à côté d'Isuun.

Cheyenne, ma souris garou,
Tu es arrivée ici sous le surnom de Mi-Brune. Tu étais un peu timide, mais rien de plus normal. Tu te cachais derrière tes filles, moins peureuse pour le coup. Tu n'as jamais trop aimé que je t'attrape, mais tu appréciais les caresses. Tu avais une tête de rat, comme pour me consoler de ne pas avoir pu en prendre. Et tu étais toujours attentive à ce que je faisais.
Dans son petit groupe, tu étais la sage, la sereine, celle qui offrait un équilibre aux autres, celle qui rassurait. Tu étais la première à te blottir à un endroit pour une sieste, et toutes les autres venaient te rejoindre. Tu n'étais ni à la tête, ni en bas de la hiérarchie. On se demandait même si tu en faisais partie. Personne ne te disputait et tu ne disputais personne. Au final, tu étais la mère de tout le monde.

Mais les tumeurs furent un lourd fardeau pour toi. Tu te battais avec une volonté de fer. Je ne t'ai vue qu'une seule fois fatiguée et vidée. Chaque jour tu donnais tout ce que tu avais en toi pour vivre malgré tout, comme si tu n'avais pas ces masses impressionnantes et pesante. Mais tu ne pouvais pas gagner ce combat. Quelques auraient été tes efforts, les masses n'auraient pas pu mincir. Et tu perdais de la chair à te battre ainsi.
Ca a été une très dur décision, mais je l'ai prise. Je voulais que tu partes avec cette joie de vivre, avec cette force, en pensant à tout ce qui te rendait heureuse et si forte. Je voulais que tu sois bien, dans ta tête et dans ta peau pour ton dernier voyage. Je savais que si j'attendais trop, c'était la souffrance et la fatigue qui allaient te guider. Je sais que tu aurais été à bout de souffle et que tu aurais perdu ta joie de vivre. Je ne le voulais pas. Et je voulais encore moins que tu ne meurs sous la douleur.

Mes mains tremblaient, mais toi pas. Ma vue se troublait, mais toi tu y voyais claire. Lorsque la vétérinaire te reposa sur la table d'auscultation, tu es venue de toi même et directement dans mes mains. Tu as traversé la table pour me rejoindre plutôt que de retourner dans ta boite de transport, juste à ta droite. Tu avais une chaleur tellement agréable dans mes mains froides. Je n'ai pas eu la force de prononcer mes mots, mais je suis certaine que tu les entendais. Tu as tourné trois fois sur toi-même, puis tu t'es arrêtée et installée. Tu as humé l'odeur de ma paume, jusqu'à t'immobiliser complétement. Après quelques minutes de profondes pensées, je t'ai remise au vétérinaire. Elle m'a promise de prendre soin de toi jusqu'à ton incinération.

Chacun réagit à la mort de ses proches différemment. Personnellement, je n'attache aucune importance aux corps après la mort de l'être, car sans l'âme, le corps n'est plus rien. Je donne bien plus de valeur aux souvenirs, car ils seront toujours habités.
J'ai allumé une bougie que j'ai mise à la fenêtre. Cette lueur te sera un point de repaire tout au long de ta route jusqu'au ciel. Lorsqu'elle s'éteindra, je saurai que tu auras atteint ta place et que tu y seras bien. Je te garderai à jamais au fond de mon coeur et tu seras toujours au sein du groupe, dans mon terrarium.

Je t'aime, Cheyenne. Repose-toi bien à présent.

1 commentaire:

Cindy43 a dit…

Un bel hommage :(